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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/377

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entre ces contraires qu’Esculape, le chef de notre famille, a, comme le disent les poëtes, et comme je le crois moi-même, inventé la médecine. J’ose donc assurer que l’amour préside à la médecine, ainsi qu’à la gymnastique et à l’agriculture. Avec la moindre attention, on reconnaîtra de même sa présence dans la musique ; et c’est ce qu’Héraclite a peut-être voulu dire, quoiqu’il se soit mal expliqué. L’unité, dit-il, qui s’oppose à elle-même s’accorde avec elle-même : elle produit, par exemple, l’harmonie d’un arc ou d’une lyre. C’est une grande absurdité de dire que l’harmonie est une opposition, ou qu’elle consiste en des éléments opposés ; mais apparemment Héraclite entendait que c’est d’éléments d’abord opposés, comme le grave et l’aigu, et ensuite mis d’accord, que l’art musical tire l’harmonie. En effet, l’harmonie n’est pas possible tant que le grave et l’aigu restent opposés ; car l’harmonie est une consonnance, la consonnance un accord, et il ne peut y avoir d’accord entre des choses opposées tant qu’elles demeurent opposées : ainsi les choses opposées qui ne s’accordent pas ne produisent point d’harmonie. C’est encore de cette manière que les longues et les brèves, qui sont opposées entre elles, composent le rhythme lorsqu’elles sont accordées. Et ici c’est la musique, comme plus haut c’est la médecine, qui produit l’accord en établissant l’amour et la concorde entre les contraires. La musique est donc la science de l’amour relativement au rhythme et à l’harmonie. Il n’est pas difficile de reconnaître la présence de l’amour dans