Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de nouveau, et ils seront réduits à marcher sur un seul pied, comme ceux qui dansent sur des outres à la fête de Bacchus.

« Après cette déclaration, le dieu fit la séparation qu’il venait de résoudre ; et il la fit de la manière que l’on coupe les œufs lorsqu’on veut les saler, ou qu’avec un cheveu on les divise en deux parties égales. Il commanda ensuite a Apollon de guérir les plaies, et de placer le visage et la moitié du cou du côté où la séparation avait été faite : afin que la vue de ce châtiment les rendît plus modestes. Apollon mit le visage du côté indiqué, et ramassant les peaux coupées sur ce qu’on appelle aujourd’hui le ventre, il les réunit à la manière d’une bourse que l’on ferme, n’y laissant au milieu qu’une ouverture qu’on appelle nombril. Quant aux autres plis, qui étaient en très-grand nombre, il les polit, et façonna la poitrine avec un instrument semblable à celui dont se servent les cordonniers pour polir le cuir des souliers sur la forme, et laissa seulement quelques plis sur le ventre et le nombril, comme des souvenirs de l’ancien châtiment. Cette division étant faite, chaque moitié cherchait à rencontrer celle dont elle avait été séparée ; et, lorsqu’elles se trouvaient toutes les deux, elles s’embrassaient et se joignaient avec une telle ardeur, dans le désir de rentrer dans leur ancienne unité, qu’elles périssaient dans cet embrassement de faim et d’inaction, ne voulant rien faire l’une sans l’autre. Quand l’une des deux moitiés périssait, celle qui subsistait en cherchait une autre, à laquelle elle s’unissait de nouveau, soit que