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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/421

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Point de paix entre nous, dit Alcibiade ; mais je me vengerai une autre fois. Quant à présent, Agathon, rends-moi quelqu’une de tes bandelettes, afin que j’en ceigne aussi la tête merveilleuse de cet homme. Je ne veux pas qu’il puisse me reprocher de ne l’avoir pas couronné ainsi que toi, lui qui dans les discours triomphe de tout le monde, non pas seulement en une seule occasion, comme toi hier, mais en toutes. En parlant ainsi, il prit quelques bandelettes, en couronna Socrate, et se remit sur le lit. Dès qu’il s’y fut replacé : Eh bien, dit-il, mes amis, qu’est-ce ? Vous me paraissez bien sobres ; c’est ce que je ne prétends pas vous permettre : il faut boire, c’est notre traité. Je me constitue moi­même roi du festin, jusqu’à ce que vous ayez bu comme il faut. Agathon, qu’on apporte quelque grande coupe, si tu en as une ; ou plutôt, esclave, donne-moi ce vase[1] que voilà. Or ce vase pouvait contenir plus de huit cotyles. Après l’avoir fait emplir, Alcibiade le vida le premier ; il le fit ensuite remplir pour Socrate en disant : Qu’on n’entende pas malice à ce que je fais là ; car Socrate boirait autant qu’on voudrait, il n’en serait jamais plus ivre. L’esclave ayant rempli le vase, Socrate but. Alors Éryximaque prenant la parole : Que ferons-nous, Alcibiade ? resterons-nous ainsi à boire sans parler ni chanter, et nous contenterons-nous de faire comme des gens qui ont soif ? Alcibiade répondit : Je te salue, Éryximaque, digne fils du meilleur et

  1. Littéralement psuchtère, vase où l’on faisait rafraîchir la boisson. Huit cotyles font un peu plus de deux litres.