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Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/129

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SOCRATE

Et n’est-ce pas quand tu prononceras : « Il en est bien ainsi » que tu seras le mieux persuadé ?

ALCIBIADE

Je le crois.

SOCRATE

Réponds donc, et si tu ne t’entends pas toi-même dire que le juste est utile, ne crois pas ce qu’un autre peut en dire.

ALCIBIADE

Non certes. Mais il faut répondre ; car il ne m’en reviendra, je pense, aucun mal.

SOCRATE

XI. — Tu es prophète, Alcibiade. Dis-moi donc parmi les choses justes, tu crois qu’il y en a d’utiles et d’autres qui ne le sont pas ?

ALCIBIADE

Oui.

SOCRATE

Et que certaines d’entre elles sont belles, et d’autres, non ?

ALCIBIADE

Quel est le sens de ta question ?

SOCRATE

Je te demande si tu as jamais vu quelqu’un faire des choses laides, mais justes ?

ALCIBIADE

Non.

SOCRATE

Alors tout ce qui est juste est beau ?

ALCIBIADE

Oui.

SOCRATE

Et les choses belles sont-elles toujours bonnes ?

ALCIBIADE

Pour ma part, Socrate, je crois que quelques-unes des choses belles sont mauvaises.