Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/171

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SOCRATE

Mais celui qui aime ton âme ne s’en ira pas, tant qu’elle marchera vers la perfection.

ALCIBIADE

C’est vraisemblable.

SOCRATE

Eh bien, moi je suis celui qui ne s’en va pas, mais qui demeure, quand le corps perd sa fleur et que les autres se sont retirés.

ALCIBIADE

Tu fais bien, Socrate ; puisses-tu ne pas me quitter !

SOCRATE

Fais donc effort pour être le plus beau possible.

ALCIBIADE

J’y tâcherai.

SOCRATE

XXVII. — Car voici ce qui en est à ton égard : il n’y a point eu, à ce que nous avons vu, et il n’y a point d’amoureux d’Alcibiade, fils de Clinias, à l’exception d’un seul qui est, celui-là, digne d’être aimé : c’est Socrate, fils de Sophronisque et de Phénarète.

ALCIBIADE

C’est vrai.

SOCRATE

Ne disais-tu pas que je t’avais prévenu de peu en t’abordant, puisque tu pensais à venir à moi le premier pour savoir par quel motif je suis le seul qui ne te quitte pas ?

ALCIBIADE

J’y pensais effectivement.

SOCRATE

Eh bien, ce motif, c’est que j’étais seul amoureux de toi, tandis que les autres l’étaient de ce qui est à toi. Or ce qui est à toi perd sa fleur, mais toi, tu commences à fleurir. Et maintenant, si tu ne te laisses pas gâter par le peuple d’Athènes et si tu n’enlaidis pas, il n’y a pas de risque que