Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/338

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dialectique de Socrate. Ils s’amusaient de ces petites comédies à sujet philosophique. Mais quand on est philosophe, on n’écrit pas uniquement pour amuser ; on écrit aussi pour instruire. Qu’est-ce que le philosophe visait donc à leur apprendre ? Il voulait apparemment leur enseigner à conduire leur pensée pour essayer d’éclaircir les notions morales qui devaient gouverner leur conduite. Il avait été lui-même frappé de la méthode de Socrate, qui, pour définir les choses, cherchait à s’en former des concepts clairs et complets. Il l’appliqua lui-même aux différentes vertus, piété, sagesse, courage, amitié, et l’enseigna aux autres en leur proposant des modèles de recherche, comme celui du Charmide. La maïeutique de Socrate comportait deux opérations : la première était de réfuter les erreurs et les préjugés courants ; la deuxième était la recherche de la vérité. C’est la première tâche que Platon s’est assignée d’abord. Il a réservé la seconde pour le moment où il aura trouvé dans la théorie des Idées la solution de toutes les difficultés et l’explication générale qui éclaire toutes les questions.

Le Charmide, au point de vue philosophique, a été assez sévèrement apprécié. Partout ailleurs, Platon adhère à la doctrine du maître qui fondait la vertu sur la science, comme en témoigne aussi Xénophon (Mém., III, 9, 4) : « Comme on lui demandait s’il considérait comme savants et sages (ou tempérants) ceux qui savent ce qu’il faut faire et font le contraire, il répondit : « Je ne vois en eux que des ignorants et des intempérants ; car je crois que tous les hommes choisissent entre toutes les actions possibles celles qu’ils jugent les plus avantageuses pour eux et que c’est celles-là qu’ils accomplissent. Voilà pourquoi je pense que ceux qui agissent mal sont à la fois ignorants et intempérants. » Notons que, par avantageuses, Socrate entend les actions bonnes, car il ne sépare pas le bon de l’utile. Cette doctrine est aussi celle de Platon. Or il semble ici se contredire lui-même, quand il refuse de fonder la sagesse sur la connaissance