Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/341

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politiques la plus haute estime, l’engage à surmonter sa timidité et à prendre la parole dans l’assemblée du peuple. Il semble donc que sa maturité ait tenu les promesses de son adolescence. Ni chez Platon, ni chez Xénophon, il n’est fait allusion au rôle qu’il joua sous les Trente Tyrans. Préposé à la préfecture du Pirée par son tuteur Critias, il périt avec lui en - 404 au combat de Munychie.

Critias, cousin de Charmide, mais plus âgé que lui, était fils de Callaischros, frère de Glaucon, le père de Charmide et le grand-père de Platon. Il était donc l’oncle de Platon à la mode de Bretagne. Il est représenté lui aussi comme ami des discours philosophiques. Il avait même composé des traités de morale, et il avait la réputation d’un habile homme. Aussi est-ce lui qui est chargé de soutenir la discussion avec Socrate, dès qu’elle dépasse la portée du jeune Charmide. Il tient fort à sa réputation et, quand Charmide acquiesce à ce que dit Socrate, que peut-être l’auteur de la définition discutée n’a pas bien su ce qu’il voulait dire, il ne se contient plus et s’emporte contre son pupille comme un poète contre un acteur qui a mal joué sa pièce. On sent que la modération n’est pas son fait, ni la modestie non plus. Cependant il est loin d’avoir la vanité naïve d’un Hippias. Bien qu’il cache son embarras et cherche à faire illusion à son auditoire par des discours peu clairs (169 c), on voit bien qu’il n’est pas un sophiste uniquement préoccupé de briller ; il cherche de bonne foi la vérité ; il ne s’en laisse pas imposer, il discute pied à pied et fait figure d’un homme de valeur. Nous avons vu tout à l’heure Xénophon confirmer l’opinion de Platon sur Charmide. Quant à Critias, voici ce qu’il en dit dans les Mém., I, 2, 12 : « De tous ceux qui ont gouverné pendant l’oligarchie, Critias a été le plus voleur, le plus violent, le plus sanguinaire. » Et l’histoire confirme ce portrait. Quand on a lu les Helléniques, Il, 3 et 4, on ne peut ressentir que de l’horreur pour la cupidité et la cruauté de ce tyran sanguinaire.

Quant à Socrate, tel il est dans les autres dialogues de