Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/343

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Non content d’énumérer sa parenté du côté de son père, il vante encore la beauté et le mérite de Pyrilampe, le second mari de Périctionè sa mère. Je verrais plutôt là une preuve de l’authenticité du Charmide. Pour être philosophe, on n’en est pas moins homme et jamais on n’a vu, même parmi les saints, d’aristocrate, si désabusé qu’il fût du préjugé nobiliaire, qui n’ait tiré plus ou moins discrètement vanité de sa noble origine. Contestet-on d’ailleurs l’authenticité de la République parce que Platon y a donné ses deux frères, Glaucon et Adimante, comme interlocuteurs à Socrate ?

Ce qui est plus difficile à expliquer, c’est la hardiesse d’avoir présenté sous un jour très avantageux le jeune Charmide, qui fut un des dix gouverneurs du Pirée, et sous des traits fort honorables l’homme le plus détesté d’Athènes, le sanguinaire Critias. Il est vrai que cette hardiesse n’en est pas une si le dialogue a été, comme le croit Stallbaurn, composé quelque temps avant la domination des Trente Tyrans, en - 405 par exemple, alors que Platon avait 24 ou 25 ans et suivait depuis quatre ans les leçons de Socrate. Au contraire, la plupart des critiques reculent aujourd’hui jusque vers - 388 l’époque de la composition du Charmide. À cette époque, on était déjà loin des événements de l’année -404 et l’amnistie avait effacé ou fait oublier un peu les souvenirs de cette triste époque. En plaçant l’entretien au début de la guerre du Péloponnèse, vers - 430, et en gardant un silence prudent