Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/345

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CHARMIDE

PERSONNAGES : SOCRATE, KHAIRÉPHON, CRITIAS, CHARMIDE


[153a] SOCRATE

I. — J’étais revenu la veille au soir de l’armée de Potidée1, et, comme j’arrivais après une longue absence, je pris plaisir à revoir les endroits que j’avais l’habitude de fréquenter, entre autres la palestre de Tauréas2, en face du sanctuaire de Basilè3. J’entrai et j’y trouvai beaucoup de gens, les uns inconnus, mais la plupart de ma connaissance. En me [153b] voyant entrer, ils furent surpris et aussitôt me saluèrent de tous les points de la salle. Khairéphon, toujours exalté4, bondit même du milieu des autres et, courant à moi, me prit la main et dit « O Socrate, comment t’es-tu tiré de la bataille ? » Peu de temps avant notre départ, nous avions en effet livré une bataille5, et la nouvelle venait d’en arriver à Athènes.

— Comme tu vois, lui dis-je.

— On nous a rapporté ici, ajouta-t-il, que l’affaire a été chaude [153c] et qu’elle a coûté la vie à beaucoup de gens de notre connaissance.

— Le rapport est assez juste, dis-je.

— Tu as pris part à la bataille ? demanda-t-il.

— J’y ai pris part.

— Viens t’asseoir ici, dit-il, et raconte-nous la chose ; car nous n’avons pas encore de renseignements exacts. »

En disant cela, il m’entraîne et me fait asseoir près de Critias, fils de Callaischros. Je m’assis donc en saluant