Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/347

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les plus petits, et ils le contemplaient comme une statue.

Alors [154d] Khairéphon s’adressant à moi :

« Que penses-tu de ce garçon, Socrate ? me demanda-t-il. N’a-t-il pas une belle figure ?

— Une figure merveilleuse, répondis-je.

— Eh bien, reprit-il, s’il consentait à se dévêtir, tu ne ferais plus attention à sa figure, tant ses formes sont parfaites. »

Et comme les autres confirmaient les éloges de Khairéphon :

« Par Héraclès, m’écriai-je, comment résister à un pareil homme, s’il possède encore une seule petite chose ?

— Laquelle ? demanda Critias.

[154e] S’il est bien doué du côté de l’âme, et l’on doit s’y attendre, Critias, puisqu’il est de votre maison.

— Il est, dit-il, également bel et bon de ce côté-là.

— En ce cas, dis-je, pourquoi ne déshabillerions-nous pas son âme pour la regarder, avant de contempler la beauté de son corps ? A l’âge où il est, il doit déjà être disposé à discuter.

— Assurément, dit Critias ; car il a du goût pour la philosophie [155a], et, s’il en faut croire les autres et lui-même, il est doué pour la poésie.

— C’est là, repris-je, un don qui vous vient de loin ; car c’est un legs de votre parent Solon. Mais ne veux-tu pas appeler le jeune homme et nous le faire voir ? Fût-il encore plus jeune qu’il ne l’est, il ne ferait rien d’inconvenant en s’entretenant avec nous devant toi, qui es à la fois son tuteur et son cousin.

— Tu as raison, dit-il ; appelons-le. »

En [155b] même temps, s’adressant à l’esclave qui l’accompagnait, il lui dit :

« Garçon, appelle Charmide ; dis-lui que je veux le présenter à un médecin, à cause du mal dont il se plaignait à moi ces jours-ci. »

Puis, se tournant vers moi, Critias me dit :

« Tout dernièrement, en effet, il s’est plaint d’avoir la tête lourde le matin, en se levant. Cela étant, qu’est-ce