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Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/37

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NOTICE SUR LE SECOND ALCIBIADE


Au chapitre III du premier livre des Mémorables, Xénophon, parlant de la religion de Socrate, dit : « Il demandait aux dieux simplement de lui accorder les biens, persuadé que les dieux savent parfaitement ce que sont les biens. Leur demander de l’or, de l’argent, la royauté ou quelque autre chose de ce genre, c’était, à son avis, leur demander un coup de dés, une bataille, ou quelque autre chose dont le résultat est manifestement incertain. En faisant de modestes offrandes sur ses modestes revenus, il ne croyait pas moins faire que ceux qui, sur des ressources nombreuses et grandes, offrent de nombreux et grands sacrifices. Les dieux, disait-il, agiraient mal s’ils prenaient plus de plaisir aux grandes offrandes qu’aux petites ; car souvent les dons des méchants leur seraient plus agréables que ceux des honnêtes gens, et les hommes, de leur côté, n’attacheraient plus aucun prix à la vie, si les dons des méchants étaient plus agréables aux dieux que ceux des honnêtes gens. Il pensait, lui, que ce sont les hommages des hommes les plus pieux qui font le plus de plaisir aux dieux. Il citait avec éloge le vers suivant :

Fais des sacrifices aux dieux immortels suivant tes moyens.

L’auteur du second Alcibiade s’est donné pour tâche de développer ces idées de Socrate. Il nous représente Socrate rencontrant Alcibiade, au moment où celui-ci se rend à un temple pour y prier le dieu. Il entreprend de lui démontrer qu’il va ainsi s’exposer à un grand danger ; car il pourrait bien demander au dieu des maux, en croyant demander des biens, comme le fit Œdipe qui,