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Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/412

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— Or, la maladie est un mal ?

— C’est indéniable.

— Et la santé, dis-je, est-elle un bien ou un mal, ou n’est-elle ni l’un ni l’autre ?

— C’est un bien, répondit-il.

— Nous avons dit, je crois, que le corps, qui n’est ni bon ni mauvais, est ami de la médecine à cause de la maladie, c’est— -dire à cause du mal ; or la médecine est un bien, et c’est en vue de la santé que la médecine se fait aimer. Or la santé est un bien, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Et la santé est-elle pour le corps amie ou non ?

— Amie.

— Mais la maladie lui est ennemie ?

— Certes.

— Donc, ce qui n’est ni mauvais ni bon est ami de ce qui lui est bon, à cause de ce qui lui est mauvais et ennemi, en vue de ce qui est bon et ami ?

— Il paraît.

— C’est donc en vue de ce qui lui est ami que l’ami est ami à cause de ce qui lui est ennemi ?

— Il le semble.

XVI. — Bien, dis-je. C’est ici, mes enfants, qu’il faut faire attention de ne pas tomber dans l’erreur. Que l’ami soit devenu l’ami de l’ami, et le semblable l’ami du semblable, bien que nous l’ayons jugé impossible, c’est un point que je laisse de côté. Mais il y a une chose qu’il faut examiner, pour ne pas nous tromper dans la discussion présente. La médecine, disons-nous, est aimée en vue de la santé ?

— Oui.

— La santé aussi est donc aimée ?

— Assurément.

— Si elle est aimée, c’est en vue de quelque chose ?

— Oui.

— De quelque chose d’aimé, pour être conséquent avec nos prémisses ?