Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/432

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mporains l’emportent sur celle des anciens. Il faut convenir, d’après ce que tu dis, que nos devanciers étaient de grands ignorants, puisqu’on rapporte qu’Anaxagore fit tout le contraire de vous. Il avait hérité d’une grosse fortune ; il la perdit tout entière par sa négligence, tant il est vrai qu’avec toute sa science il manquait d’esprit. On en rapporte autant d’autres anciens. Ce que tu dis me paraît donc être une belle preuve que la science de nos contemporains est supérieure à celle de leurs prédécesseurs, et beaucoup de gens sont de ton avis, que le savant doit être avant tout savant pour lui-même, ce qui veut dire naturellement qu’il doit se faire le plus d’argent possible.

IV. — Mais en voilà assez là-dessus. Dis-moi maintenant une chose : parmi les villes où tu t’es rendu, quelle est celle où tu as fait le plus d’argent ? C’est évidemment Lacédémone, où tu es allé le plus souvent ?

HIPPIAS

Non, par Zeus, Socrate.

SOCRATE

Que dis-tu ? Serait-ce de là que tu as tiré le moins ?

HIPPIAS

Je n’en ai même jamais tiré la moindre obole.

SOCRATE

Ce que tu dis là, Hippias, tient du prodige et me confond. Mais dis-moi : ta science n’a-t-elle pas le pouvoir de perfectionner dans la vertu ceux qui la pratiquent et l’étudient ?

HIPPIAS

Si, Socrate, et même de les perfectionner notablement.

SOCRATE

Alors, après avoir été capable de rendre meilleurs les enfants des Inyciens, tu n’as pas pu en faire autant des enfants des Spartiates ?

HIPPIAS

Il s’en faut de b