Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/439

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la plus belle réputation. Ensuite c’est Nestor qui parle et lui donne force conseils d’une justice et d’une beauté parfaites. Ce discours, je l’ai prononcé en public à Lacédémone, et je dois, ici même, en faire une lecture publique après-demain, à l’école de Phidostrate, en y ajoutant beaucoup d’autres morceaux qui méritent d’être entendus. C’est Eudicos, fils d’Apèmantos, qui m’en a prié. Tâche d’y venir toi-même et d’en amener d’autres qui soient capables de juger ce qu’ils auront entendu.

SOCRATE

VIII. — C’est ce que je ferai, s’il plaît à Dieu, Hippias. Mais, pour le moment, réponds à une petite question que j’ai à te faire à ce sujet ; tu m’y as fait penser fort à propos. Tout dernièrement, excellent Hippias, je blâmais dans une discussion certaines choses comme laides et j’en approuvais d’autres comme belles, lorsque quelqu’un m’a jeté dans l’embarras en me posant cette question sur un ton brusque : « Dis-moi, Socrate, d’où sais-tu quelles sont les choses qui sont belles et celles qui sont laides ? Voyons, peux-tu me dire ce qu’est le beau ? » Et moi, pauvre ignorant, j’étais bien embarrassé et hors d’état de lui faire une réponse convenable. Aussi, en quittant la compagnie, j’étais fâché contre moi-même, je me grondais et je me promettais bien, dès que je rencontrerais l’un de vous autres savants, de l’écouter, de m’instruire, d’approfondir le sujet et de revenir à mon questionneur pour reprendre le combat. Aujourd’hui tu es donc venu, comme je disais, fort à propos. Enseigne-moi au juste ce que c’est que le beau et tâche de me répondre avec toute la précision possible, pour que je ne m’expose pas au ridicule d’être encore une fois confondu. Il est certain que tu sais fort bien ce qu’il en est et, parmi les nombreuses connaissances que tu possèdes, c’est apparemment une des moindres.

HIPPIAS

Oui, par Zeus, une des moindres, Socrate, et qui ne compte pour ainsi d