Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/468

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HIPPIAS

Personne, Socrate, ne verra mieux que toi si je me joue de toi ou non ; tu n’as qu’à essayer de m’expliquer ces choses qui t’apparaissent ; on verra bien que tu parles pour ne rien dire. Car il est certain que tu ne trouveras jamais qu’une qualité que nous ne possédons pas, ni toi ni moi, nous la possédions à nous deux.

SOCRATE

Que dis-tu là, Hippias ? Peut-être as-tu raison, mais je ne te comprends pas. Ecoute-moi donc ; je vais t’expliquer ce que je veux dire. Il me paraît à moi que telle qualité que je n’ai jamais eue et que je n’ai point, ni toi non plus, nous la possédions à nous deux, et que, par contre, telle autre qualité que nous possédons à nous deux, ne se trouve ni chez toi ni chez moi.

HIPPIAS

Voilà encore une réponse qui semble stupéfiante, Socrate, plus stupéfiante encore que celle que tu as faite tout à l’heure. Réfléchis : si nous sommes justes tous les deux, est-ce que nous ne le sommes pas l’un et l’autre ? ou si chacun de nous est injuste, ne le sommes-nous pas tous les deux ? De même, si nous sommes en santé, chacun de nous ne l’est-il pas ? Et si chacun de nous a quelque maladie, quelque blessure, quelque contusion ou quelque mal semblable, ne l’avons-nous pas aussi tous les deux ? De même encore, si nous étions tous les deux d’or, ou d’argent, ou d’ivoire, ou, si tu aimes mieux, nobles, savants, honorés, vieux, jeunes ou doués de toute autre qualité humaine que tu voudras, ne serait-il pas absolument forcé que nous en fussions doués l’un et l’autre ?

SOCRATE

Absolument.

HIPPIAS

Le fait est que toi, Socrate, tu ne considères pas les choses en leur ensemble, ni d’ailleurs ceux avec qui tu discutes d’habitude : vous détachez, vous déc