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Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/51

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ALCIBIADE

Non certes, par Zeus.

SOCRATE

Assurément je ne t’accuserai pas de vouloir faire à ta mère ce que firent, dit-on, à la leur Oreste et Alcméon 6 et d’autres qui ont commis les mêmes crimes.

ALCIBIADE

Au nom de Zeus, parle mieux, Socrate.

SOCRATE

Ce n’est pas, Alcibiade, à celui qui déclare que tu ne voudrais pas commettre un pareil acte que tu dois dire de parler mieux ; c’est bien plutôt à celui qui dirait le contraire, puisque l’acte te semble si abominable qu’il ne faut même pas le nommer à la légère. Mais crois-tu qu’Oreste, s’il avait été dans son bon sens et s’il avait su quelle était pour lui la meilleure conduite à tenir, aurait osé rien faire de ce qu’il fit ?

ALCIBIADE

Non certes.

SOCRATE

Ni personne autre, je pense ?

ALCIBIADE

Non, assurément.

SOCRATE

C’est donc, à ce qu’il paraît, un mal que l’ignorance du mieux, et il est fâcheux de ne pas connaître le mieux.

ALCIBIADE

Il me semble.

SOCRATE

Un mal pour Oreste et pour tous les autres ?

ALCIBIADE

Oui.

SOCRATE

VII. — Maintenant considérons aussi ce cas. Suppose que tu aies tout à coup l’idée, croyant bien faire, d’aller avec un poignard à la porte de Périclès, ton tuteur et