C’est vrai.
Donc être ignorant en de tels cas est meilleur pour ceux qui sont ainsi disposés et qui ont de telles opinions.
Évidemment.
Tu vois donc que l’ignorance de certaines choses est pour certaines personnes, en de certains états, un bien, et non un mal, comme tu le croyais tout à l’heure.
Il le semble.
VIII. — Maintenant, si tu veux examiner en outre ce qui s’ensuit, il se peut que tu sois surpris.
Qu’est-ce au juste, Socrate ?
C’est que généralement la possession des autres sciences, sans la science de ce qui est bien, risque de n’être que rarement utile et d’être au contraire le plus souvent pernicieuse à ses possesseurs. Examine la question de ce biais. Ne crois-tu pas qu’il faut de toute nécessité, quand nous allons faire ou dire quelque chose, que nous croyions au préalable savoir ou que nous sachions réellement ce que nous sommes décidés à faire ou à dire ?
Il me le semble.
Par exemple les orateurs savent ou croient savoir donner un bon conseil, chaque fois qu’ils nous donnent leur avis, les uns sur la guerre et la paix, les autres sur des remparts à construire ou un port à organiser, en un mot toutes les mesures que l’État prend à l’égard d’un autre État ou pour lui-même sont toujours prises sur les conseils des orateurs.