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Page:Œuvres complètes de Rivarol - Tome 1 - 1808.pdf/53

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en ordre, et le plus grand de tous les dons que Dieu ait fait à ses créatures : sans lui, l’animal ne serait que machine, la vie ne serait que mouvement.

Considéré comme faculté générale, le sentiment s’appèle sensibilité : il a pour organes tous les sens, et pour siège l’homme tout entier. Mais comme il comprend à la fois les besoins et les sensations, les passions et les idées, il y aurait eu de la confusion, si on n’avait assigné à la sensibilité divers départements. On a donc reconnu et nommé d’abord les organes et les sièges particuliers des besoins et des sensations. D’un côté, la faim, la soif, le désir mutuel des deux sexes ; de l’autre, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher, ont eu leurs instruments et leurs places : la douleur et le plaisir physiques ont régné partout.

Mais quel lieu, quels organes assigner à l’amour moral, à la soif de l’or, à la joie, au chagrin, enfin à tout ce qu’il y a d’intellectuel dans les passions et dans les idées ? Chacun sentait, en effet, que les passions avaient un côté idéal que n’ont pas les besoins, et qu’il y avait dans les idées un côté purement intellectuel que n’ont pas les sensations. Il fut donc