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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/111

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la chaleur de la saison et par le manque d’eau, la soif ne consumât son armée, Metellus détache son lieutenant Rutilius (48) avec les cohortes armées à la légère et une partie de la cavalerie, pour aller vers le fleuve s’assurer d’avance d’un camp ; car il s’imaginait que les ennemis, par de fréquentes attaques dirigées sur ses flancs, retarderaient sa marche, et que, peu confiants dans la supériorité de leurs armes, ils tenteraient d’accabler les Romains par la fatigue et la soif. Metellus, ainsi que le demandaient sa position et la nature du terrain, s’avance au petit pas, comme il avait fait en descendant de la montagne ; il place Marius derrière la première ligne ; pour lui, il se met à la tête de la cavalerie de l’aile gauche, qui, dans la marche, était devenue la tête de la colonne (49).

Dès que Jugurtha voit l’arrière-garde de Metellus dépasser le front des Numides, il envoie environ deux mille fantassins occuper la montagne d’où les Romains venaient de descendre, afin que, s’ils étaient battus, ils ne pussent s’y retirer ni s’y retrancher. Alors il donne tout à coup le signal et fond sur les ennemis. Une partie des Numides taille en pièces les dernières lignes ; d’autres attaquent à la fois l’aile droite et l’aile gauche ; pleins d’acharnement, ils pressent, harcèlent, mettent partout le désordre dans les rangs. Ceux mêmes des Romains qui, montrant le plus de résolution, avaient été au-devant des Numides, déconcertés par leurs mouvements incertains, sont blessés de loin, et ne peuvent ni joindre ni frapper leurs adversaires. Instruits d’avance par Jugurtha, les cavaliers numides, dès qu’un escadron romain se détache pour les charger, se retirent, non pas en masse, ni du même côté, mais en rompant leurs