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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/120

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der, et brûlent de combattre corps à corps. De leur côté, les assiégés roulent des pierres sur les plus avancés, puis font pleuvoir des pieux, des dards enflammés et des torches enduites de poix et de soufre (62). Quant à ceux qui sont restés à l’écart, leur lâcheté ne les soustrait point au danger ; la plupart sont blessés par les traits partis des machines ou de la main des Numides. Ainsi le péril, mais non l’honneur, est égal pour le brave comme pour le lâche.

LVIII. Tandis que l’on combat ainsi sous les murs de Zama, Jugurtha, à la tête d’une troupe nombreuse, fond inopinément sur le camp des ennemis (63) : ceux qui en avaient la garde la faisaient négligemment, et ne s’attendaient à rien moins qu’à une attaque. Il force une des portes : nos soldats, frappés d’une terreur soudaine, pourvoient à leur sûreté, chacun selon son caractère ; les uns fuient, les autres prennent leurs armes ; la plupart sont tués ou blessés. De toute cette multitude, quarante soldats seulement, fidèles à l’honneur du nom romain, se forment en peloton, et s’emparent d’une petite éminence, d’où les efforts les plus soutenus ne peuvent les chasser. Les traits qu’on leur lance de loin, cette poignée d’hommes les renvoie, sans que, pour ainsi dire, un seul porte à faux sur la masse de leurs assaillants. Si les Numides se rapprochent, alors cette vaillante élite, déployant une vigueur irrésistible, les taille en pièces, les disperse, les met en fuite.

Metellus en était au plus fort de ses attaques, lorsqu’il entendit derrière lui les cris des ennemis ; il tourne bride, et voit les fuyards se diriger de son côté, ce qui lui indique que ce