Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/125

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Lorsque Jugurtha se voit ainsi dépouillé de ses, armes, de ses plus braves soldats et de ses trésors, et qu’il est appelé lui même à Tisidium pour y recevoir de nouveaux ordres (69), il chancelle encore une fois dans ses résolutions : sa mauvaise conscience commence à craindre les châtiments dus à ses crimes. Enfin, après bien des journées passées dans l’hésitation, où tantôt, abattu par ses malheurs, tout lui semble préférable à la guerre, tantôt il songe en lui-même combien la chute est lourde du trône à l’esclavage, et que c’est en pure perte qu’il aura sacrifié tous ses moyens de défense, il se décide à recommencer la guerre plus que jamais. A Rome, le sénat avait, dans la répartition des provinces, prorogé la Numidie à Metellus.

LXIII. Vers ce même temps, il arriva que, Marius offrant un sacrifice aux dieux, dans Utique, l’aruspice lui prédit (70) de grandes et mémorables destinées, assurant que, fort du secours des dieux, il accomplirait les desseins qu’il avait dans l’âme ; qu’il pouvait, sans se lasser, mettre sa fortune à l’épreuve ; que tout lui serait prospère (71). Dès longtemps, en effet, Marins nourrissait le plus violent désir d’arriver au consulat. Pour y parvenir, il réunissait tous les titres, excepté l’illustration des ancêtres : talents, probité, connaissance profonde de l’art militaire, courage indomptable dans les combats, simplicité dans la paix (72) ; enfin, un mépris des richesses et des voluptés égal à sa passion pour la gloire. Né à Arpinum, où il passa toute son enfance, dès qu’il fut d’âge à supporter les fatigues de la guerre, il s’adonna entièrement aux exercices des camps, et point du tout à l’éloquence des Grecs ni aux formes de l’urbanité romaine. Au milieu de ces louables occupations, son âme