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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/135

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reurs et tous les citoyens qui n’avaient d’autre existence, d’autre crédit, que le travail de leurs mains, quittent leur ouvrage pour faire cortège à Marius, se privant ainsi du nécessaire afin de hâter son élévation. Ainsi, pour l’abaissement de la noblesse, après une longue suite d’années (88), on vit le consulat déféré à un homme nouveau. Bientôt après, le peuple, consulté par Manilius Mancinus, l’un de ses tribuns, sur le choix du général qui serait chargé de la guerre de Jugurtha, proclame Marius avec acclamation. Le sénat avait quelque temps auparavant désigné Metellus ; mais son décret fut comme non avenu.

LXXIV. Cependant, privé de ses amis, dont il avait fait périr la plupart, ou qui, par crainte, s’étaient réfugiés chez les Romains ou chez le roi Bocchus, Jugurtha, ne pouvant faire la guerre sans lieutenants, et redoutant de se fier à de nouveaux confidents, après tant de perfidie de la part des anciens, était en proie à l’incertitude, à l’irrésolution. Mécontent de sa fortune, de ses projets, et de tout le monde, il changeait tous les jours de routes el d’officiers, tantôt marchant contre l’ennemi, tantôt s’enfonçant dans les déserts ; mettant aujourd’hui son espoir dans la fuite, le lendemain dans ses armes ; ne sachant s’il devait plus se défier de la valeur de ses sujets que de leur fidélité ; enfin, partout où il dirigeait ses pensées, il ne voyait que malheurs et revers. Au milieu de ces tergiversations, Metellus se montre tout à coup avec son armée. Jugurtha dispose, range ses troupes à la hâte, et l’action est engagée. Là où le roi combattit en personne, les Numides firent quelque résistance ;