Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/164

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qui laisse à Jugurtha tout son territoire vient terminer la guerre.

Séduit par cette promesse, Bocchus, avec des forces nombreuses, se joint à Jugurtha. Après avoir ainsi réuni leurs armées, au moment où Marius part pour ses quartiers d’hiver, ils l’attaquent, lorsqu’il restait à peine une heure de jour. Ils comptaient que la nuit, qui déjà approchait, serait, en cas de revers, une protection pour eux, sans devenir, en cas de succès, un obstacle, car ils connaissaient les lieux ; dans les deux cas, au contraire, les ténèbres seraient nuisibles aux Romains. A peine donc le consul a-t-il été de toutes parts averti de l’approche de l’ennemi, que déjà l’ennemi paraît. L’armée n’a pu encore se ranger en bataille, ou rassembler ses bagages, ou enfin recevoir aucun signal, aucun ordre, que déjà les cavaliers maures et gétules, non point en escadrons ni en bataille, mais par pelotons, et comme les a rassemblés le hasard, tombent sur nos soldats.

Ceux-ci, au milieu de la surprise et de l’effroi général, rappelant cependant leur valeur, prennent leurs armes ou protègent contre les traits de l’ennemi ceux qui les prennent ; plusieurs montent à cheval et courent faire face aux Numides : c’est une attaque de brigands plutôt qu’un combat régulier ; ii n’y a ni rangs ni drapeaux ; aux uns l’ennemi tranche la tête, aux autres il perce les flancs ; tels qui combattent vaillamment de front se trouvent attaqués par derrière ; il n’est plus d’armes, plus de courage qui puisse les défendre ; l’ennemi est