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SALLUSTE.

magistratures, les sacerdoces, le pillage, et tous les autres excès qu’autorisent la guerre et l’abus de la victoire. En outre il leur confie que Pison dans l’Espagne citérieure, et P. Sitlius de Nucérie (49), à la tête d’une armée en Mauritanie, prennent part à ses projets : C. Antonius (50) briguait le consulat ; il espérait l’avoir pour collègue ; c’était son ami intime, pressé d’ailleurs par tous les besoins ; avec lui, une fois consul, il donnera le signal d’agir. À ces promesses il joint mille imprécations contre tous les gens de bien ; puis, appelant par son nom chacun des conjurés, il les comble de louanges : à l’un il parle de son indigence, à l’autre de sa passion favorite, à plusieurs des poursuites et de l’infamie qui les menacent, à beaucoup de la victoire de Sylla et du butin qu’elle leur avait procuré. Lorsqu’il voit tous les esprits enflammés, il leur recommande d’appuyer sa candidature, et congédie l’assemblée.

XXII. On disait dans le temps qu’après avoir prononcé son discours Catilina, voulant lier par un serment les complices de son crime, fit passer à la ronde des coupes remplies de sang humain (51) mêlé avec du vin ; puis, lorsqu’en proférant des imprécations ils en eurent tous goûté, comme cela se pratique dans les sacrifices, Catilina s’ouvrit à eux de ses projets. Son but était, disait-on, d’avoir une plus forte garantie de leur discrétion réciproque par la complicité d’un si noir forfait. Plusieurs cependant regardaient cette anecdote et beaucoup d’autres semblables comme inventées par ceux qui, dans l’espoir d’affaiblir la haine qui, dans la suite, s’éleva contre Cicéron, exagéraient l’atrocité du crime dont il avait puni les auteurs.