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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/256

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SALLUSTE.

son assistance ». Cependant Catilina, pendant qu’il est en route, écrit à la plupart des personnages consulaires et aux citoyens les plus recommandables « qu’en butte à de fausses accusations, et ne pouvant résister à la faction de ses ennemis, il cédait à la fortune et s’exilait à Marseille ; non qu’il se reconnût coupable d’un si grand crime, mais pour donner la paix à la république et ne point susciter de sédition par sa résistance ». Mais bien différentes étaient les lettres dont Q. Catulus fit lecture au sénat, et qu’il dit lui avoir été remises de la part de Catilina. En voici la copie :

XXXV. « L. Catilina, à Q. Catulus, salut. — Le rare dévouement dont vous m’avez donné des preuves, et qui m’est si précieux, me fait, dans l’imminence de mes périls, avoir confiance à la recommandation que je vous adresse. Ce n’est donc point l’apologie de ma nouvelle entreprise que je veux vous présenter ; c’est une explication que, sans avoir la conscience d’aucun tort, j’entreprends de vous donner, et certes vous ne manquerez pas de la trouver satisfaisante. Des injustices, des affronts, m’ont poussé à bout. Voyant que, privé du fruit de mes travaux et de mes services, je ne pouvais obtenir le rang convenable à ma dignité, j’ai pris en main, selon ma coutume, la cause commune des malheureux : non que je ne fusse en état d’acquitter avec mes biens mes engagements personnels, puisque, pour faire face à des engagements qui m’étaient étrangers, la générosité d’Orestilla et la fortune de sa fille ont été plus que suffisantes ; mais des hommes indignes étaient comblés d’honneurs sous mes yeux, tandis que, par une injuste prévention,