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CONJURATION DE CATILINA

cruel (car peut-on être cruel envers de pareils hommes ?), mais contraire à l’esprit de notre gouvernement. Assurément, Silanus, ce ne peut être que la crainte ou l’indignation qui vous ait forcé, vous, consul désigné, à voter une peine d’une nouvelle espèce. La crainte ? il est inutile d’en parler, lorsque, grâce à l’active prévoyance de notre illustre consul, tant de gardes sont sous les armes ; la peine ? il nous est bien permis de dire la chose telle qu’elle est : dans l’affliction, comme dans l’infortune, la mort n’est point un supplice, c’est la fin de toutes les peines : par elle, tous les maux de l’humanité s’évanouissent ; au delà il n’est plus ni souci ni joie.

Mais, au nom des dieux immortels, pourquoi donc à votre sentence, Silanus, n’avez-vous pas ajouté qu’ils seraient préalablement battus de verges ? Est-ce parce que la loi Porcia (110) le défend ? mais d’autres lois aussi défendent d’ôter la vie à des citoyens condamnés, et ordonnent de les laisser aller en exil. Est-ce parce qu’il est plus cruel d’être frappé de verges que mis à mort ? mais qu’y a-t-il de trop rigoureux, de trop cruel envers des hommes convaincus d’un si noir attentat ? Que si cette peine est plus légère, convient-il de respecter la loi sur un point moins essentiel pour l’enfreindre dans ce qu’elle a de plus important ?

Mais, dira-t-on, qui osera censurer votre décret contre les fils parricides de la république ? Le temps, un jour, la fortune, dont le caprice gouverne le monde. Quoi qu’il leur arrive, ils l’auront mérité. Mais vous, sénateurs, considérez l’influence que, pour d’autres accusés, peut avoir votre décision. Tous les