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SALLUSTE.

nous, héritiers d’une puissance si glorieusement acquise, c’est à grand’peine que nous la conservons.

Mon avis est-il donc qu’on mette en liberté les coupables, pour qu’ils aillent grossir l’armée de Catilina ? Nullement ; mais je vote pour que leurs biens soient confisqués ; pour qu’eux-mêmes soient retenus en prison dans les municipes les mieux pourvus de force armée ; pour qu’on ne puisse jamais, par la suite, proposer leur réhabilitation, soit au sénat, soit au peuple : que quiconque contreviendra à cette défense soit déclaré par le sénat ennemi de l’état et du repos public ».

LII. Dès que César eut cessé de parler, les sénateurs exprimèrent, d’un seul mot, leur assentiment à l’une ou à l’autre des opinions émises (113). Mais, quand M. Porcius Caton fut invité à dire la sienne, il prononça le discours suivant :

« Je suis d’un avis bien différent, sénateurs, soit que j’envisage la chose même et nos périls, soit que je réfléchisse sur les avis proposés par plusieurs des préopinants. Ils se sont beaucoup étendus, ce me semble, sur la punition due à des hommes qui ont préparé la guerre à leur patrie, à leurs parents, à leurs autels, à leurs foyers : or la chose même nous dit qu’il faut plutôt songera nous prémunir contre les conjurés qu’à statuer sur leur supplice. Car les autres crimes, on ne les poursuit que quand ils ont été commis ; mais celui-ci, si vous ne le prévenez, vous voudrez en vain, après son accomplissement, recourir à la vindicte des lois. Dans une ville conquise il ne reste rien aux vaincus. Mais, au nom des dieux immortels, je vous adjure, vous, pour qui vos maisons, vos terres, vos statues,