Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le plus simple : par là les magistrats n’exerceront plus pour leurs créanciers, mais pour le peuple, et ils mettront leur grandeur d’âme à enrichir, et non à dépouiller la république.

VI. Je sais combien cette obligation sera d’abord pénible, surtout à ceux qui s’attendaient à trouver dans la victoire toute liberté, toute licence, et non de nouvelles entraves ; mais, si vous consultez leur intérêt plutôt que leur passion, vous leur assurerez, ainsi qu’à nous et à nos alliés, une paix solide. Si la jeunesse conserve les mêmes goûts, les mêmes mœurs, certes votre gloire si pure s’anéantira bientôt avec la république. En un mot, c’est pour la paix que l’homme prévoyant fait la guerre (37) ; c’est dans l’espoir du repos qu’il affronte tant de travaux, et cette paix, si vous ne la rendez inébranlable, qu’importe que vous soyez vainqueur ou vaincu ?

Ainsi donc, César, au nom des dieux, prenez en main le timon de l’État ; surmontez, avec votre courage ordinaire, tous les obstacles : car, si vous ne portez remède à nos maux, il n’en faut attendre de personne. Et ce ne sont point des châtiments rigoureux, des sentences cruelles, que l’on vous demande : choses qui déciment les populations sans les réformer ; mais on veut que vous préserviez la jeunesse du dérèglement des mœurs et des passions dangereuses.

La véritable clémence consiste à faire en sorte que les citoyens ne s’exposent point à un juste exil, à les préserver des folies et des trompeuses voluptés, à asseoir la paix et la concorde sur des bases solides, et non point à condescendre à des