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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/371

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aux mains d’un petit nombre d’hommes honnêtes, mais à leur manière ; et, les anciens abus étant devenus plus tolérables par des concessions mutuelles, la république dut sa grandeur à la sage politique d’un petit nombre de bons citoyens.

ix.

L’habileté de ses généraux a fait la principale force de Rome. C’est sous le consulat de Servius Sulpicius et de M. Marcellus qu’ont été soumises par les armes romaines toutes les Gaules comprises entre le Rhin, la Méditerranée et l’Océan, à l’exception des lieux que des marais rendent impraticables.

Une sagesse irréprochable, une parfaite union, marquèrent la conduite du peuple romain durant l’intervalle de la seconde à la troisième guerre punique.

x.

Affranchis de la crainte de Carthage, les Romains eurent le loisir de se livrer à leurs dissensions ; alors s’élevèrent de toutes parts les troubles, les séditions, et enfin les guerres civiles. Un petit nombre d’hommes puissants, dont la plupart des citoyens étaient devenus les créatures, exercèrent, sous le nom imposant tantôt du sénat, tantôt du peuple, un véritable despotisme. On ne fut plus bon ou mauvais citoyen, selon ce qu’on faisait pour ou contre la patrie ; car tous étaient également corrompus : mais plus on était riche, en état de faire impunément le mal plus, pourvu qu’on défendît l’ordre présent des choses, on passait pour homme de bien. Dès ce moment, ce ne fut plus par degrés comme autrefois, mais avec la rapidité d’un torrent, que se répandit la dépravation ; la jeunesse fut tellement infectée du poison du luxe et de l’avarice, qu’on vit une génération de gens dont il fut juste de dire qu’ils ne pouvaient avoir de patrimoine ni souffrir que d’autres en eussent.

Salluste, poursuivant le cours de son rapide résumé, arrive aux séditions des Gracques, et c’est aux événements dont elles