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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/7

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ÉTUDE

SUR

SALLUSTE


On regrette, en lisant Tite-Live, de n’avoir sur ce grand écrivain que très peu de renseignements. On aimerait à connaître plus intimement l’homme dont l’âme sympathique et généreuse, s’identifiant avec les antiques vertus romaines, les a si bien peintes qu’il a du les porter en lui-même, digne de cette liberté qu’il a célébrée alors même qu’elle n’était plus. On éprouve, à l’égard de Salluste, un sentiment tout contraire : on voudrait ne rien savoir de lui ; il plairait de penser que celui qui, dans ses écrits et parfois hors de propos, s’est montré moraliste si sévère[1], a pratiqué ou du moins n’a pas publiquement outragé cette morale qu’il préconise si éloquemment : il est si doux d’estimer l’écrivain que l’on admire ! malheureusement il n’en est point ainsi. Les détails abondent sur la vie de Salluste ; lui-même a pris soin de ne pas nous les épargner, et le contraste qui existait entre la gravité de ses écrits et la licence de ses mœurs révolta ses contemporains, et lui suscita une

  1. Sallustius, gravissimus alienæ luxuriæ objurgator et censor. Macrobe, Saturn., lib, III, c. ix.