Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/97

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nécessaire aux troupes : lui-même se hâte de partir, pour qu’avant les comices, dont l’époque n’était pas éloignée, il pût, par la force des armes, par la soumission spontanée de l’ennemi, ou par toute autre voie, mettre fin à cette guerre. Jugurtha, au contraire, traîne en longueur toutes les opérations, et fait naître délais sur délais. Il promet de se rendre, puis il affecte de la défiance ; il plie devant l’ennemi qui le presse. Et bientôt après, pour ne pas décourager les siens, il le presse à son tour : c’est ainsi qu’il se joue du consul par ses continuels ajournements de la guerre et de la paix. Quelques-uns soupçonnèrent alors Albinus d’avoir été d’intelligence avec le roi : ils attribuaient à une collusion frauduleuse, et non à la lâcheté, le ralentissement si prompt d’une guerre si activement commencée. Le temps s’étant ainsi écoulé, on touchait au jour des comices (20) : alors Albinus laissa l’armée sous la conduite de son frère, le propréteur Aulus, et partit pour Rome.

XXXVII. La république était alors cruellement agitée par les dissensions des tribuns du peuple. P. Lucullus et L. Annius prétendaient, malgré l’opposition de leurs collègues, se faire continuer dans leur magistrature : cette querelle, qui dura toute l’année (21), empêchait la tenue des comices. Pendant ces retards, Aulus, qui, comme nous l’avons dit, était resté au camp avec le titre de propréteur, conçut l’espoir, ou de terminer la guerre, ou d’extorquer de l’argent au roi numide par la terreur des armes romaines. Au mois de janvier, il fait sortir ses troupes de leurs quartiers, à marches forcées, par un temps