Page:Œuvres complettes de M. de Marivaux, tome 12, 1781.djvu/36

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THÉOPHILE.

Vous le croyez, que vous les préviendrez ; mais si vous n’y prenez garde, je vous avertis que ce seront ceux qui auront le moins d’attrait pour vous, ceux pour qui vous aurez le moins d’inclination & que vous traiterez le plus froidement.

THÉODOSE.

Froidement ! moi qui me sens tant de disposition à les aimer, à les distinguer !

THÉOPHILE.

Eh ! vous ne la garderez pas cette disposition-là ; leur caractere vous l’ôtera. Et, à propos de cela, voulez-vous bien me dire ce que vous pensez de Sostene ? c’est un des hommes de la Cour que vous voyez le plus souvent.

THÉODOSE.

Et un fort aimable homme, qui a toujours quelque chose d’obligeant à vous dire, & qui vous le dit avec grâce, quoique d’un air simple & naturel ;  : c’est un homme que j’aime à voir, malgré la différence de son âge au mien, & je suis persuadé qu’il m’aime un peu aussi. Je le sens à la maniere dont il m’aborde, dont il me parle, dont il écoute ce que je dis ; je n’ai point en-