dition ; & il se pourrait bien effectivement que cela fît des différences : mais ces différences sont-elles avantageuses ? produisent-elles des vertus ? contribuent-elles à rendre l’âme plus belle & plus raisonnable ? & la nature là-dessus suit-elle la vanité de notre opinion ? Il y auroit bien de la vision à le croire, d’autant plus qu’on a tant de preuves du contraire : ne voit-on pas des hommes du plus bas étage qui sont des hommes admirables ?
Et l’Histoire ne nous montre-t-elle pas de grands Seigneurs par la naissance, qui avoient une âme indigne ? Allons, tout est dit sur cet article ; la nature ne connoit pas les nobles ; elle ne les exempte de rien ; ils naissent souvent aussi infirmes de corps, aussi courts d’esprit que les autres.
Ils meurent de même, sans compter que la fortune se joue de leurs biens, de leurs honneurs ; que leur famille s’éteint ou s’éclipse. N’y a-t-il pas une infinité de races, & des plus illustres, qu’on a perdu de vue ; que la nature a continuées, mais que la fortune a quittées ; & dont les descendants méconnus rampent apparemment dans la foule, labourent ou mendient, pendant que de