Page:Œuvres complettes de M. de Marivaux, tome 12, 1781.djvu/73

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libre dans la République des Lettres ; qui laisseroient une distance trop décidée entr’eux & leurs Confreres ; distance qui a toujours plus l’air d’une opinion que d’un fait.

Non, Monsieur, jamais il n’y eut de pareils Modernes, & il n’y en aura jamais.

La Nature elle-même est trop sage pour avoir permis que les grands-hommes de chaque siècle assistâssent en personne à la plénitude des éloges qu’ils méritent, & qu’on pourra leur donner quelque jour ; il seroit indécent pour eux & injurieux pour les autres qu’ils en fussent témoins.

Aussi dans tous les âges ont-ils affaire à un Public fait exprès pour les tenir en respect, & dont je vais, en deux mots, vous définir le caractere.

Je commence par vous dire que c’est le Public de leur temps : voilà déjà la définition bien avancée.

Ce Public tout à la fois juge & partie de ces grands-hommes qu’il aime, & qu’il humilie ; ce Public tout avide qu’il est des plaisirs qu’ils s’efforcent de lui donner, & qu’en effet ils lui donnent, est cependant assez curieux de leur voir