jourd’hui l’objet de notre admiration ; il nous paroîtroit bien étrange que la Glace en fît un homme supérieur ; & ce seroit pourtant Cicéron, c’est-à-dire un des plus grands hommes du monde, que nous n’estimerions pas plus que ceux dont nous parlons, & à qui, comme je l’ai dit, il n’a manqué que d’avoir été mieux placés.
Quand je dis mieux placés, je n’entends pas que l’esprit manquât dans les siècles que j’appelle barbares. Jamais encore il n’y en avoit eu tant de répandu ni d’amassé parmi les hommes, comme j’ai remarqué que l’auroient dit Euripide & Sophocle que j’ai fait parler plus bas.
Jamais l’esprit humain n’avoit encore été le produit de tant d’esprits ; c’est une vérité que la Glace m’a rendu sensible.
J’y ai vu que l’accroissement de l’esprit est une suite infaillible de la durée du monde ; & qu’il en auroit toujours été une suite, à la vérité plus lente, quand l’Écriture d’abord, & ensuite l’Imprimerie n’auroient jamais été inventées.
Il seroit en effet impossible, Monsieur, que tant de générations d’hommes eussent passé sur la terre, sans y verser de nouvelles idées, & sans y en verser beaucoup plus que les révolutions, ou d’autres accidents n’ont pu en anéantir ou en dissiper.