Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/133

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Mon urne de déesse épand l’eau douloureuse,
Mais j’ignore à jamais ses sonores secrets.

Le Prince, à un Sylphe.
Toi ?


Le Sylphe.
Toi ? Les menthes des champs naissent de mon haleine,

Les baisers dispersés dans le vent du printemps
Suscitent les grands lys triomphaux dans la plaine,
Ma pitié met des fleurs sur le deuil des étangs.

Le Prince.
Dis-moi, Sylphe, pour quelle ineffable venue

Tu prépares les clairs chemins ? Pourquoi cet or,
Et ces tapis couvrant au loin la terre nue ?
Attends-tu chaque année un dieu qui tarde encor ?

Le Sylphe.
Je ne sais pas. Je vis. J’empourpre les ramures,

Car c’est la tâche inexpiable que je dois ;
Je ne sais pas pourquoi je fais saigner les mûres
Des branches et s’ouvrir les roses sous mes doigts…

Le Prince, à un Gnome.
Toi, Gnome en noir qui ris avec des dents méchantes,

Pourquoi dans ton poing dur cette serpe de fer
Et quelle est la chanson mauvaise que tu chantes ?