Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Puis, mal désenlacés parmi les lys tremblants,
Ils murmurent ainsi que des mots de prière
Leurs noms puissants : un nom de reine meurtrière,
Un nom de chef crié jadis aux soirs sanglants.

Akhilleus ! Hélènè !… Le cortège des cygnes
Les guide vers la mer d’ombre bleue et d’or brun.
Et le rivage et le vent du large et l’embrun
Ont pour eux des parfums de moissons et de vignes.

De grands aigles charmés leur apportent des cieux
Une offrande de fruits et de branches fleuries ;
Les ruches s’entr’ouvrant comme des nefs meurtries
Leur livrent doucement l’or des miels précieux.

La reine respirant des roses ténébreuses
Sourit parfois au souvenir des vains linceuls.
Et dans leur bon exil, victorieux et seuls,
Ils s’aiment à jamais au bord des mers heureuses.

II

Droites sur l’étrier, et nues,
Et brandissant l’arc de bois noir,
Les Amazones sont venues
Sur leurs chevaux couleur de soir.