Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

église. De longs cierges brûlaient ; des brocatelles, au plafond, simulaient des bannières en ex-voto. Sur une crédence une madone, en robe d’or, triomphait, et des vases élevaient vers elle une blanche offrande de fleurs.

Magdeleine était agenouillée près d’une fenêtre largement ouverte sur la mer. Ses cheveux blonds étaient dénoués, ses bras se tendaient en avant d’un geste souple et doux.

Là-bas, dans le soir clair, la petite rade lointaine apparaissait nettement. L’eau tranquille roulait des traînées de lune ; des barques à l’ancre, les voiles roulées aux grandes antennes, dormaient. Très loin un feu de phare, vert et rouge, tournoyait, surgi d’invisibles falaises, tel qu’un oiseau de lumière errant dans l’horizon.

Magdeleine n’avait pas entendu venir son frère et son père. Penchée en dehors et comme se donnant à la nuit, elle priait à demi-voix. Pierre lui toucha l’épaule. Elle se leva ; très doucement elle repoussa son frère, puis avec une voix mystérieuse et tremblante de joie surnaturelle :

« Laisse-moi, dit-elle, je suis la gardienne de la mer. »