Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/250

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chassés comme des bêtes sous les hautes lances des cavaliers, et voici la troisième aurore d’Éloul. Nous vivons ici dans une grande ville blanche près d’un lac paisible et fleuri. Qu’il soit donc loué, le Fort, le Bouclier d’Israël ! Car c’est ici, car c’est aujourd’hui que le sauveur viendra, et c’est nous qui annoncerons aux tribus dispersées l’heure de Dieu. C’est pourquoi il faut que le plus illustre d’entre nous, que le vénérable Hazanias s’en aille vers les fontaines et vers les puits, et il nous ramènera l’attendu, l’envoyé de l’Éternel. »

Tous dirent : « Qu’il soit ainsi ! » Et parmi les jardins frissonnants d’aurore, Hazanias marcha vers la ville.

Les rues étaient désertes. Elles s’étalaient dans le matin, lumineuses et larges. Des reflets d’or coulaient dans les ruisseaux, des reflets d’or pavoisaient les marbres des murailles, et des clartés roses jonchaient comme une neige heureuse les toits et les terrasses. Le grand prêtre s’avançait par la ville. Lui qui depuis le jour de l’exil s’était enfermé dans les sanctuaires aux portes closes, il respirait le vent du matin comme un parfum retrouvé, et ses yeux accoutumés à l’ombre sacrée s’émerveillaient du