Page:Œuvres d’Éphraïm Mikhaël (Lemerre, 1890).djvu/289

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vage de vigueur qui vous rende les égaux de Sjurd. Vous voyez, la servante apporte simplement un broc de bière et des hanaps bien vulgaires.

ERNOLD

Nous ne voulons pas de breuvages magiques, Te voir, t’écouter, maître, cela seul chasse les pensées tristes. Eh! que parlais-tu de philtres ? N’es-tu pas un enchanteur, puisque auprès de toi nos âmes engourdies se réveillent, frissonnent et rêvent de splendeurs. Ta voix, comme un divin clairon, rappelle nos espérances enfuies, nos enthousiasmes défaillants. Et tous les vers de tes poèmes chantent en nous, la lumière de tes visions ruisselle pour nous sur le chaos ; et parce que tu es là, voyant, il nous semble que nous sortons des ténèbres quand nous sommes près de toi.

ARMINIUS

Tu parles comme un flatteur, Ernold. Prends garde. Oh ! je sais que tu es sincère. Et je sais que tu es d’essence noble, puisque rien n’a tué en toi la puissance d’admirer, puisque triste tu viens chercher la joie près de celui dont la