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POÉSIE





Chère, mon âme obscure est comme un ciel mystique,
Un ciel d’automne, où nul astre ne resplendit,
Et ton seul souvenir, ce soir, monte et grandit
En moi, comme une lune immense et fantastique.

Chère, nous n’avons pas été de vrais amants :
C’est par caprice et par ennui que nous nous prîmes,
Et pourtant, j’ai voulu te façonner des rimes,
Bijoux sacrés, ayant d’étranges chatoîments.

C’est qu’au fond de mon cœur mystérieux d’artiste,
Le souvenir de ton amour pâle et banal
Verse comme le ciel en un bois automnal
Un reflet alangui de clair de lune triste.