Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/100

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Les têtes d’Anubis aux longs bandeaux plissés ;
Les pylônes massifs, en talus abaissés,
Qui depuis trois mille ans sur leurs faces jumelles
Gardent les dieux sans nom aux pendantes mamelles ;
Le piédestal sonore où mugissait Apis ;
Et les sphinx merveilleux, gravement accroupis,
Qui semblent sur le seuil de la longue avenue
Proposer au passant une énigme inconnue.
Cependant l’heure fuit : le clairon matinal
Sous les palmiers d’Hellé donne un premier signal,
Et des Français joyeux la grande caravane
S’éveille dans la plaine aux sons de la diane.
Bonaparte à cheval, de ses chefs escorté,
Des jardins de Mourad vers le camp s’est porté ;
Il parle, et les soldats, qu’enivre sa présence,
Pour entendre sa voix se pressent en silence.
« Compagnons, hier encore un superbe ennemi