Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/158

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« Kléber, le sort cruel nous garde d’autres coups ;
Les plus pressans dangers ne sont pas devant nous ;
Des prodiges nouveaux attendent ton épée :
Une armée innombrable au Thabor est campée,
Et si ton bras sauveur ne l’arrête en chemin,
Sur nos soldats lassés elle tombe demain.
Hâte-toi, n’attends pas que cette nuit funeste
De ces vieux bataillons ait dévoré le reste ;
Prends deux mille soldats, ceux qui sous leurs drapeaux
Goûtent loin de la brèche une heure de repos ;
Pour vaincre ou pour mourir tu les verras dociles :
Les vallons du Thabor seront nos Thermopyles ;
Là nous verrons tomber mes enfans et les tiens,
Ou nous en sortirons grands comme les anciens. »
À ces mots, l’étreignant de ses mains enlacées,
Il semble le remplir de ses grandes pensées ;
Et les doubles éclairs du rempart et des cieux
Révélaient aux soldats ces sublimes adieux.