Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/203

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Il vogue sur les flots, et craint que le soleil
De ses vieux compagnons ne hâte le réveil ;
Tel un père entraîné dans un lointain voyage,
A l’heure du départ qui glace le courage,
De ses enfans chéris redoutant les adieux,
Attend que le sommeil ait pesé sur leurs yeux.
Le père de l’armée, en quittant cette rive,
A surpris dans ses yeux une larme furtive ;
Mais il porte en son ame un regret moins amer ;
Ses soldats sont heureux, il leur laisse Kléber.
Et l’armée orpheline, en sa morne attitude,
Contemplait de la mer l’immense solitude !
Soldats ! pourquoi ces pleurs, ce deuil silencieux ?
Un jour vous oublîrez ces funestes adieux ;