Page:Œuvres de Barthélemy et Méry, tome 3, 1831.djvu/96

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Écoute, comme un homme en sa vague insomnie,
Des cascades du Nil la lointaine harmonie ;
Dans ses cris éternels, le nocturne grillon
Demande au sol brûlant un humide sillon ;
Et, transfuge des eaux, sur le sable infertile
Se traîne en mugissant l’immense crocodile.
À ces bruits solennels pour la première fois
Des hommes inconnus mêlent leur grande voix ;
Sur la ligne du camp le cri d’éveil résonne,
Et va s’éteindre au loin comme un bruit monotone
Que sous un long portique, au milieu de la nuit,
L’écho redit plus faible à l’écho qui le suit.
Aux rougeâtres lueurs dont la plaine est semée,
Comme une masse informe on distingue l’armée,
Et les soldats errans dans les groupes confus :
Assis sur les tambours, couchés sur les affûts,
Les vétérans conteurs, accoutumés aux veilles,
De leurs premiers travaux redisent les merveilles,