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BLAISE PASCAL

Jacqueline adressait à Benserade des vers qui furent publiés dans ses Œuvres (infra p.  232 sqq.). En 1647 Pascal convie Dalibray pour voir Descartes chez lui ; en 1648 il écrit à Le Pailleur pour se justifier des attaques du P. Noël. Nous pouvons donc reconstituer le milieu que Pascal fréquentait dès les premières années de son enfance ; nous pouvons aussi, à travers la légèreté du ton, apercevoir la philosophie qui régnait dans ce milieu. La franche liberté du doute, la haine du pédantisme d’École, la « révérence » de la religion, l’éloge de l’ignorance et de la tranquillité de l’esprit[1], ce sont les traits caractéristiques des Essais de Montaigne. Il est donc assuré, comme plus d’un indice permettait déjà de le soupçonner, que Pascal n’a pas attendu la rencontre avec Méré et l’émancipation de la période mondaine pour être initié au mouvement de la philosophie nouvelle, en particulier à la lecture de Montaigne.

  1. Il est intéressant de noter que Mersenne, en vantant dans la Préface des Cogituta physico-mathematica les mérites de Le Pailleur comme géomètre, semble regretter sa tendance à se cacher et à se déprécier : Pallierus, ut ut occultus seque deprimens, non ultimum locum obtinet, quippe qui omnia fere Geometrica elegantissime brevissimeque demonstrat.