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Page:Œuvres de Blaise Pascal, I.djvu/207

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JACQUELINE PASCAL

quand elle les avoit faits, à un hôpital où l’on entretient de pauvres enfants[1]. On estoit encore merveilleusement edifié de ce que ce grand esloignement de tout le monde ne la rendoit point chagrine, et qu’elle estoit toujours fort affable, et aussy de ce qu’elle estoit toujours preste à en sortir pour des occasions de charité, comme nous l’avons esprouvé bien des fois. J’eus pendant ce tems quelques indispositions, et elle s’attachoit à me tenir compagnie tout le jour, sans en tesmoigner aucune inquietude. Il y eut plusieurs de mes enfants qui eurent de grandes maladies ; elle les servit avec une charité admirable. Et mesme il y eut une de mes petites filles qui mourut d’une petite vérole pourprée[2] : ma sœur l’assista toujours jusques à la mort, et pendant quatorze jours que dura cette maladie, elle n’alla point dans sa chambre que pour dire son office ; encore prenoit elle son tems lorsque l’enfant n’estoit pas dans les grands accidens de son mal. Ainsy elle la servoit avec tout le soin imaginable, demeurant pres d’elle jour et nuit, et passant plusieurs nuits sans se coucher. Aprez que cette occasion de charité fut passée, elle retourna à son ordinaire dans sa chambre.

Elle prenoit plaisir d’aller quelques fois visiter les pauvres malades de la ville avec une demoiselle fort vertueuse, qui s’employe tout entiere à cet exercice. Ma sœur ajoutoit à tout cela des mortifications du corps fort grandes. Comme nous[3] avons peu de logement, on avoit esté contraint de faire un retranchement pour la loger dans un lieu où il n’y avoit point de che-

  1. Faugère donne simplement à l’hôpital.
  2. Marie Perier, sans doute, dont M. de Beaurepaire a trouvé l’acte de baptême, daté du 26 décembre 1647. Vide supra, p. 25.
  3. V. C. : avions.