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Page:Œuvres de Blaise Pascal, I.djvu/437

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RÉGIT DE DEUX CONFÉRENCES 381

portassent à luy toute la masse corporelle ; que la fin du monde ne viendroit que quand touttes les parties de la masse corporelle auroient servy à composer des hommes, et que la dernière seroit prise, car alors chacque ame re- prendra la partye de la masse qui luy est apropriée. A cette occasion, il expliqua quelque chose des raisons de la création, et dit que toutes les créatures estoient des images et des portraits des actions internes de Dieu, à sçavoir les esprits, de l'action contemplative, les corps, delà productive, et les esprits et les corps unis ensemble, les images de l'identité de la vertu contemplative et productive. Il dit donc en suitte de cela que* un geomettre pourroit supputer à' peu près le nombre des hommes qui debvoient estre depuis le commencement du monde jus- quesà la fin.

Quoy que ce discours achevast de surprendre un cha- cun, on ne fut pas neantmoins syestonnéde cette estrange proposition comme des précédentes, à cause qu'elle ne sembloit sy directement ny sy apparemment chocquer les misteres de la religion. En tournant en risée autant que la civillité le pouvoit permettre cette proposition, on luy fit quelques doubtes sur cela ; et premièrement on luy demanda comment la substance du soleil et des estoilles, et celle qui est au centre de la terre, pouvoit venir sur la terre, affin qu'elle fust prise pour la composition des hommes, et qui estoit ce qui luy apportoit ; ce qui neant- moins estoit nécessaire, puisque tout cela faisoit partye de la masse corporelle, et que par conséquent ^ leur sub- stance debvoit estre reportée à Dieu.— Il respondit que la

��1 . Que en surcharge.

2. [plus].

3. [le].

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