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RÉPONSE DE BLAISE PASCAL 99

une hypothèse, celte hypothèse peut estre de trois sortes.

Car q.uelques fois on conclud un absurde' mani- feste de sa négation, et alors l'hypothèse est véri- table et constante ; ou bien on conclud un absurde manifeste de son affirmation, et lors l'hypothèse est tenue pour faulse ; et lors qu'on n'a pu encore tirer d'absurde, ny de sa négation, ny de son affirma- tion, l'hypothèse demeure douteuse ; de sorte que^ pour faire qu'une hypothèse soit évidente, ^ il ne suffit pas que tous les phénomènes s'en ensuivent ^ au lieu que, s'il s'ensuit quelque chose de contraire à un seul des phénomènes, cela suffit pour assurer de sa fausseté.

Par exemple, si l'on trouve une pierre chaude sans sçavoir la cause de sa chaleur, celuy la seroit il tenu en avoir trouvé la véritable, qui raisonneroit de cette sorte : Présupposons que cette pierre ayt esté mise dans un grand feu, dont on l'ayt retirée de-

��1 . Bossut imprime absurdité ; Pascal emploie absurde comme sub- stantif, suivant l'ancien usage qui a survécu dans des expressions telles qxie : réduction à l'absurde. Cf. Montaigne, II, 356. « Il n'est aulcun absurde, selon nous, plus extrême que de maintenir que le feu n'eschauffe point. » apud Littrc.

2. //, surcharge qui paraît autographe.

3. Pascal songe sans doute à la théorie de l'hypothèse développée dans la troisième partie des Principes. Les adversaires de Descartes n'avaient pas manqué d'y relever des déclarations telles que celles-ci : « Je désire que ce que j'écriray soit seulement pris pour une hypo- thèse, laquelle est peut estre fort éloignée de la vérité : mais en- core que cela fust, je croiray avoir beaucoup fait, si toutes les choses qui en seront déduites, sont entièrement conformes aux expérien- ces... » §§ A4.

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