Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/120

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sorte que la différence essentielle qui se treuve entre l’espace vuide et le corps, qui a longueur, largeur et profondeur, est que l’un est immobile et l’autre mobile ; et que l’un peut recevoir au dedans de soy un corps qui pénètre ses dimentions, au lieu que l’autre ne le peut ; car la maxime que la pénétration de dimentions est impossible, s’entend seulement des dimentions de deux corps matériels \ autrement elle ne seroit pas universellement receue. D’où l’on peut veoir qu’il y a autant de différence entre le néant et l’espace vuide, que de l’espace vuide au corps matériel ; et qu’ainsy l’espace vuide tient le milieu entre la matière et le néant. C’est pourquoy la maxime d’Aristote dont vous parlez, que les non estres ne sont point différents, s’entend du véritable néant, et non pas de l’espace vuide.

Je finis avec vostre lettre, où vous dites’ que vous ne voyez pas que la quatriesme de mes objections, qui est qu’une matière inouye et incogneue à tous les sens, remplit cet espace, soit d’aucun phisicien. A quoi j’ay à vous respondre que je puis vous assurer


pour les Éléments de Géométrie et que Leibniz nous a conservés en parties, Pascal s’exprimait aussi : « L’objet de la pure Géométrie est l’espace, dont elle considère la triple étendue en trois sens divers, qu’on appelle dimensions, lesquelles se distinguent par les noms de longueur, largeur et profondeur, en donnant indifféremment chacun de ces noms à chacune de ces dimensions pourvu qu’on ne donne pas le même à deux ensemble. Elle suppose que tous ces termes là sont connus d’eux-mêmes. » Publié par Gehrardt, Sitzungsberichte der K. Preussischen Akademie der Wissenschaften zu. Berlin, 25 fév. 1892, p. 302.

I. [Vous-œesme].